Tout dans Histoires parallèles du Hongrois Péter Nádas est superlatif : dix-huit ans pour écrire ce roman, six ans pour le traduire, d'innombrables heures de corvée éditoriale. Une publication simultanée dans plusieurs pays européens. Trois tomes, 39 chapitres, 1 700 pages de littérature.
Comment résumer de manière accrocheuse 1 700 pages ? Impossible. Histoires parallèles est une de ces œuvres qu'on ne peut guère condenser en une phrase destinée à frapper les esprits. Il ne s'agit pas d'un livre sur l'amour, sur la Première Guerre mondiale ou la guerre d'Algérie, ni sur l'invention du Minitel. Il ne s'agit pas non plus d'un livre à valeur ajoutée qui, en plus de vous distraire, vous administre quelques leçons indispensables, en matière de boules de geisha, par exemple. Histoires parallèles est simplement du beau travail, du très beau travail d'écriture.
Anatomique. Essayer de déterminer de quel genre cette œuvre relève est déjà une affaire compliquée. Comment la répertorier ? Le texte est tour à tour un roman policier, une saga familiale, un roman historique, une histoire d'amour et un livre pornographique (il contient d'ailleurs l'acte sexuel le plus long de l'histoire de la littérature, un coït de quatre jours, décrit sur 140 pages d'une manière tellement détaillée, sur le plan anatomique, qu'on pourrait croire au mode d'emploi d'un appareil d'une extrême complexité technique). Cela aussi est une des démesures du roman.
De nombreus