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Critique

Sa Bohême

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Inlassable chroniqueur de sa région natale, Jiří Hájíček revient dans un monde englouti
par Jaroslav Rudiš, (République tchèque) (Traduit du tchèque par Caroline Vigent)
publié le 19 décembre 2012 à 19h06

L’un des écrivains tchèques les plus intéressants actuellement est un chroniqueur de la Bohême rurale. Tandis que Prague a aspiré, broyé, et jamais recraché une multitude d’auteurs, Jiří Hájíček (né en 1967) vit et écrit toujours à České Budějovice, où il travaille également comme employé de banque.

C’est de cette ville de Bohême du Sud que le brave soldat Švejk de Jaroslav Hašek s’était jeté avec son bataillon dans la Première Guerre mondiale. Budějovice est aussi mondialement célèbre grâce à la bière Budweiser. Jaroslav Hašek - éblouissant conteur d’histoires de tavernes - et cette bière forte exercent depuis longtemps une influence importante, voire enivrante, sur la littérature tchèque. Mais pas sur Jiří Hájíček.

L'écriture de cet auteur de 45 ans dégage une atmosphère introvertie, il ne recueille pas d'anecdotes truculentes, mais écrit de grandes histoires hautement réfléchies. Il s'est créé sa propre langue, intérieure et ramassée, trouvant un sound mélancolique bien à lui.

Les romans et nouvelles de Hajíček sont inséparables de sa région natale. Dans Selský baroko (2005), son livre le plus connu, il s'est transporté dans les années 50, à l'époque du stalinisme et de la collectivisation forcée qui défigura la campagne tchèque. Hajíček, en écrivain réaliste à qui nul détail n'échappe, décrit cette transformation via les histoires ordinaires de la vie paysanne.

Dans son dernier roman, Rybí krev («Sang de poisson»), il retourne avec son héroïne, Han