Récemment paru en Pologne où il déclencha une vive polémique, le Corps fantôme du roi va à l'encontre de l'idée selon laquelle l'histoire appartient une bonne fois pour toutes au passé et est synonyme de l'immuable. Je dois reconnaître que la lecture de cet ouvrage a été pour moi aussi une expérience forte et très personnelle. Admirablement écrit, tenant le lecteur en haleine comme un polar, il ne tardera sans doute pas à devenir le manuel alternatif de l'histoire de la Pologne.
Le livre de Jan Sowa paraît à un moment où se sont amplifiées les tensions entre deux visions de ce pays : l’une nationale traditionaliste et liée à l’Eglise catholique, l’autre plus ouverte, tournée vers l’Europe et laïque. Toutes deux ont franchi les limites d’un débat d’intellectuels pour se transformer en manifestations de rue et radicaliser ainsi le langage des médias, devenu de plus en plus agressif et haineux.
Le jeune auteur aborde l’histoire de la Pologne avec une nouvelle palette d’outils et se met à dévisser sans concession les boulons d’une machine soigneusement construite, dont le fonctionnement nous est devenu si familier que nous n’imaginions pas qu’il puisse en exister un autre (même si certains rouages, parfois, avaient tendance à se gripper). Présentée de façon traditionnelle, retraçant le caractère de la mémoire collective soutenue par l’école, l’Eglise et la culture populaire, l’histoire de la Pologne peut se résumer en quelques points :
- La Pologne constitue le rempart de