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Libération
Critique

Aller simple pour la Suisse

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Le cahier Livres de Libédossier
Emmanuèle Bernheim raconte comment son père l’a chargée d’organiser son suicide assisté
publié le 2 janvier 2013 à 20h56

Peut-être, imagine-t-on, parce qu’elle attend que ses livres arrivent tout armés, dictés par la nécessité, Emmanuèle Bernheim publie peu : quatre romans et une nouvelle depuis 1985, et puis ce récit, Tout s’est bien passé. L’enjeu est concentré dans le titre : le père d’Emmanuèle Bernheim, André Bernheim, victime d’un AVC (accident vasculaire cérébral) à l’âge de 88 ans, fait part à sa fille de sa décision, il veut en finir. «Tout s’est bien passé» est la phrase que prononce, au téléphone, à la fin, fin du livre et fin de la vie, «la dame suisse» présente au moment du suicide assisté. Le rire, parfois macabre, est une constante dans cette famille qu’il nous est proposé de fréquenter, aussi le titre a-t-il ce genre d’humour radical. C’est plutôt d’une naissance qu’on dit qu’elle s’est bien passée, ici, c’est la mort. En fait, le livre est parcouru d’un mantra fort différent, qui est : «Tout va bien se passer.» André Bernheim récupère un peu de motricité, ses facultés intellectuelles ne sont pas atteintes, il se fait comprendre et obéir. «Le docteur H. est plutôt optimiste. Mon père supporte d’être assis, une heure pour l’instant, on augmentera peu à peu la durée.»

Cercle vicieux. Le plus souvent écrit au présent, le récit d’Emmanuèle Bernheim enregistre les oscillations des bulletins de santé, et notamment les progrès qui redonnent confiance. Mais un cercle vicieux se met en place : quand son père va mieux, elle se met à espérer q