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Interview

Campus et coutumes

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Entretien avec Jeffrey Eugenides autour d’un trio amoureux.
Jeffrey Eugenides, le 13 décembre, chez lui, à Princeton (New Jersey). Il enseigne à l'université l'écriture, auprès d'illustres aînés comme Joyce Carol Oates ou Toni Morrison. (Photo Pascal Perich)
publié le 2 janvier 2013 à 22h16

A 52 ans, Jeffrey Eugenides ne fait pas son âge. Cela pourrait n'être qu'un détail, mais pas vraiment. Peut-être parce que son physique d'éternel adolescent semble coller à la perfection à son dernier livre, le Roman du mariage, dans lequel il plonge dans ses propres souvenirs, afin de disséquer les tourments amoureux et existentiels de Madeleine, Leonard et Mitchell, lancés à la découverte de la vie après leur ultime année universitaire.

Quand il reçoit dans sa grande maison de Princeton, où il enseigne l’écriture auprès d’illustres aînés comme Joyce Carol Oates ou Toni Morrison, Eugenides vous demande d’ailleurs de déballer avec lui le dernier système stéréo qu’il vient de s’offrir avant de commencer l’entretien. Car il a désespérément envie, précise-t-il, de pouvoir enfin se repasser les disques vinyle qu’il écoutait quand il était à Brown University, dans le Rhode Island, au début des années 80.

Et c'est bien à Brown, à cette même époque, que tout commence dans le Roman du mariage, tandis que le brillant auteur de The Virgin Suicides, qui a reçu le prix Pulitzer pour Middlesex en 2003, réinvente les règles du triangle amoureux. Il y a Madeleine donc, qui dévore tout à la fois les romans anglais du XIXe siècle sur le mariage et s'interroge de plus en plus sur l'amour à travers Roland Barthes et Jacques Derrida. Il y a Leonard aussi, brillant chercheur, qui ne se remettra jamais de ses épisodes maniaco-dépressifs. Et puis Mitche