Claude Henri de Rouvroy, comte de Saint-Simon, n'est pas Louis de Rouvroy, duc de Saint-Simon. Le second s'identifie aisément, dès qu'on mentionne les Mémoires. Le premier est moins souvent cité seul qu'en compagnie de Charles Fourier, de Robert Owen ou d'Etienne Cabet, principaux représentants de ce que Friedrich Engels et Karl Marx, pour le distinguer du leur, qu'ils voulaient scientifique, nommèrent «socialisme utopique». Si les Mémoires sont l'«œuvre d'une vie» du duc-écrivain, il est plus difficile de circonscrire l'œuvre du comte-théoricien (qui de son lointain cousin dit : «J'ai hérité de sa passion pour la gloire») : une œuvre multiforme, composée d'ouvrages, de textes brefs, d'appels, de brochures, de journaux et revues, de lettres, de manifestes, et qui se déploie entre politique et philosophie, morale, science, religion, économie et sociologie. Aussi l'édition critique en quatre volumes de tous les écrits de Saint-Simon - lequel renonce plus ou moins à son identité aristocratique sous la Révolution, puis signe Claude-Henri Saint-Simon et enfin, à partir de l'Industriel (1817), Henri Saint-Simon - arrive-t-elle comme une manne, qui permettra de fixer au plus près le rapport «anticipateur» du saint-simonisme aux théories de Marx - lequel lui reconnaissait le mérite d'avoir lié problèmes politiques et problèmes économiques et d'avoir donc saisi l'impossibilité de réformer les uns sans agir sur les autres - mais aussi d'évaluer la p
Critique
Du côté des abeilles
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Le cahier Livres de Libédossier
par Robert Maggiori
publié le 2 janvier 2013 à 22h17
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