Qui étaient les financiers sous l'Ancien Régime ? Qui s'enrichit au détriment de la nation et tient les leviers du pouvoir ? Pour répondre à ces questions, Daniel Dessert s'intéresse à ceux qui gèrent l'impôt le plus détesté, la gabelle, taxe indirecte, mise en ferme très tôt, dès la fin du XVIe siècle, auprès de financiers. Ces derniers, réunis en compagnie, avancent l'argent au roi et, en percevant eux-mêmes l'impôt, se remboursent avec de gros profits. Les finances publiques dans leur ensemble dépendent ainsi d'un jeu permanent, et très coûteux, d'avances accordées par des particuliers. Cette privatisation de la fiscalité et de son administration réduit considérablement l'autorité de l'Etat qui s'en remet à des forces qui le tiennent sous leur dépendance.
Discrétion. Trois cercles se partagent cette manne. Le premier est celui des fermiers. Issus de la bourgeoisie enrichie par le négoce, puis détenteurs d'offices qui leur ont fait accéder à la noblesse, ils forment un groupe restreint - quelques dizaines au XVIIe siècle pour les Gabelles de France. Les montants à avancer sont si considérables que les fermiers doivent en sous-traiter une partie à un second cercle, les actionnaires. Ces derniers profitent de façon discrète (leur nom n'apparaît pas) de placements lucratifs, procédé qui facilite les participations croisées, les mêmes financiers investissant dans plusieurs fermes.
Le dernier cercle est celui de très riches personnages qui a