L'année 2013 sera, est déjà de bonne heure, restera longtemps une année Marcel Proust. Du côté de chez Swann, premier volume d'A la Recherche du temps perdu, est paru il y a un siècle, en novembre 1913. Pas une semaine ne se passera sans que soit donné à la mémoire de l'écrivain un colloque, un concert, une lecture ou un goûter champêtre. Au Collège de France, Antoine Compagnon racontera «Proust en 1913», thème de son cours annuel de janvier à avril, avec une consistante brochette d'invités : Annie Ernaux, Chantal Akerman, Carlo Ginzburg, Pierre Boulez, Marc Fumaroli, Pierre Nora, le mathématicien Alain Connes, le géodynamicien Xavier Le Pichon et quelques autres.
Nous avons demandé à l’écrivain, extrait un bref instant de son cercueil au Père-Lachaise, quel regard rétrospectif il portait sur son œuvre.
Au moment où Swann paraît, il y a cent ans, quel est votre état d’esprit ?
J’aurais voulu publier le tout ensemble ; mais on n’édite plus d’ouvrages en plusieurs volumes. Je suis comme quelqu’un qui a une tapisserie trop grande pour les appartements actuels et qui a été obligé de la couper.
Ce premier volume est, comment dire, assez statique, non ?
De jeunes écrivains, avec qui je suis d’ailleurs en sympathie, préconisaient une action brève avec peu de personnages. Ce n’est pas ma conception du roman. Comment vous dire cela ? Vous savez qu’il y a une géométrie plane et une géométrie dans l’espace. Eh bien, pour moi, le roman ce n’est pas seulement de la psychologie plane, mais de la psychologie dans le temps. Cette substance invisible du temps, j’ai tâché de l’isoler, mais pour cela il fallai