Il n'y a pas beaucoup d'autres moyens d'entamer une recension du Paradis entre mes jambes que d'en délivrer le pitch à plat, dans sa blancheur clinique, à ras de l'effroi : «Le 11 juin 1981, mon camarade d'université Issei Sagawa, né à Kobé, au Japon, le 26 avril 1949, étudiant de 32 ans, a commis un meurtre suivi d'actes cannibales sur notre camarade hollandaise de 23 ans, Renée Hartevelt, qu'il avait invitée dans son appartement du 10, rue Erlanger, Paris XVIe, en lui demandant d'enregistrer en allemand la lecture d'un poème de l'auteur expressionniste Johannes Becher.» Nicole Caligaris a croisé Issei Sagawa lors de deux soirées. Après le meurtre, elle lui écrit en prison huit lettres, auxquelles il répond avec mille remerciements. Avant de partir en HP, il lui envoie depuis la Santé un exemplaire en français d'Eloge de l'ombre de Tanizaki.
Le fait divers a donné lieu à plusieurs livres, des chansons, est devenu culte. Sagawa a en effet enregistré le meurtre, sur bande magnétique (la victime lit, on entend le coup de feu, le corps qui tombe) et en photos, ayant découpé le cadavre, fait cuire certaines parties et gardé 7 kg de morceaux dans son réfrigérateur. Il avait commencé par mordre la fesse, mais la viande était trop dure, avant de s'attaquer au clitoris. En liberté depuis longtemps, Sagawa vit désormais de ses tournées, shows télévisés, participations à des fictions. Difficile de ne pas interrompre la lecture du Paradis…