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Libération
Critique

Féministes en tout genre

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Christine Bard contre les stéréotypes
publié le 9 janvier 2013 à 19h06

«Je ne suis pas féministe, mais…» Cette banale affirmation est une protection contre la mauvaise réputation du féminisme, effet de nombreuses idées reçues. Aussi, les détruire par la preuve historique, c'est vouloir débarrasser le féminisme du costume qui le travestit et cesser de croire que les stéréotypes injurieux qui l'attaquent depuis sa naissance refléteraient sa pauvreté et son atonie. Christine Bard tord d'emblée le cou à cette première idée reçue : par la contextualisation des postulats, elle démontre leur nécessaire adaptation aux trois vagues du féminisme, preuves de sa pluralité. La première vertu de son ouvrage est d'identifier cette temporalité, car toute vague déferlante recouvre la précédente, au risque d'en effacer le souvenir. Pour preuve : l'hymne du Mouvement de libération des femmes qui clamait que celles-ci étaient sans passé. Une affirmation démentie par l'existence même du néologisme «féminisme» promu en 1882 par Hubertine Auclert pour «qualifier l'aspiration à l'égalité des sexes». Cette première vague, née avant le mot, traversa l'océan du XIXe siècle, gonflée par le volume croissant des revendications et s'acheva, évidemment, en un «creux», après l'acquisition du droit de vote.

Dénigrée, puis ignorée, tel fut le sort de cette première vague. A combattre ces postures, l’auteur lui restitue sa richesse et prouve que ce féminisme-là ne fut pas qu’un mouvement féminin et bourgeois, aux militantes si peu féminines, laiderons, laissées