La galanterie commande de ne pas révéler l’âge des dames, mais les faits relatés ci-dessous ne sont pas d’une folle élégance et imposent de passer outre. La semaine dernière, l’académie Goncourt a piqué au jury du prix Femina, exclusivement féminin, l’un de ses rares membres de moins de 70 ans : Paule Constant. Au train où vont les choses, la table du Goncourt va bientôt ressembler à une pouponnière, tandis que celle du Femina aura l’air d’une cantine de maison de retraite. Ces dames se sont donc résolues à réagir vite et fort, comme le prouve cette conversation tombée accidentellement dans notre oreille alors que nous déjeunions au Crillon à une table voisine de celle de deux jurées Femina, que nous appellerons A et B.
A : Ils nous ont pris Paule, les chiens galeux, eh bien, on va leur piquer le jeune Philippe Claudel !
B : Mais on ne peut pas : c’est un homme.
A : Tu en es sûre ? (hélant un serveur qui passe) La même chose, mon ami !
B : Certaine. Diane, tu en es à ton septième Campari, je pense que tu ferais mieux de t’en tenir là.
A : Mais je vais parfaitement bien, Danièle. Regarde ! (B se lève et se met sur un pied en plaçant ses deux mains en trompette devant son nez. Elle s'effondre dans un grand fracas de verre brisé)
B : A ce stade, je te conseillerais un double scotch pour faire passer le reste.
A (revenue à plus de verticalité avec l'aide d'un serveur) : Toi, depuis que tu es à l'Académie française, tu n'es plus qu'une montgolfière de