La poésie révèle la vie : conscience, révolte, beauté, amour. L'enfant Kimberly, dite Kim, découvre très tôt Baudelaire, «le seul Charles qui vaille».D'autres suivent : Rimbaud, Hugo, Boileau, Villon. Ils l'animent et l'éclairent dans les situations les plus violentes de la vie. Ces situations sont décrites avec une élégance et une férocité d'autant plus comiques qu'elles ne sont pas drôles.
Kim vit dans une famille nombreuse dont les parents sont des bêtes égoïstes. La mère a un bec-de-lièvre. Elle fait du strip-tease dans des clubs minables. Ses enfants ne semblent l'intéresser que dans la mesure où ils peuvent obtenir la célébrité spectaculaire qui lui manque. Le titre, Si tout n'a pas péri avec mon innocence, est une phrase des Métamorphoses d'Ovide. Elle est dite par Philomèle, jeune femme séquestrée et violée par son beau-frère, qui tisse sa tapisserie pour révéler son sort, le bourreau lui ayant coupé la langue. Kim n'a pas perdu la sienne. Elle nous la donne comme au chat, pour qu'on l'emporte de gouttière en gouttière.
Kim est une créature du monde d’Emmanuelle Bayamack-Tam : adolescente en état de colère et de minorité, morsure flottante à dentition rimbaldienne et à sexualité indéterminée. Elle prend vite conscience de la méchanceté des enfants en groupe, de l’agressive indifférence des adultes. A 9 ans, elle veut être un garçon. Plus tard, elle aime sa prof de natation synchronisée. Plus tard, son petit frère se pend. Elle baise beaucoup,