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Libération

Quand notre cœur fait Bang

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publié le 16 janvier 2013 à 19h36

Les textes de Herman Bang, né au Danemark en 1857 et mort en 1912, ont une précision souvent elliptique qui les rend bouleversants jusque dans le moindre détail, la moindre conversation. Il décrit une femme qui reste auprès du lit de son mari agonisant puis s'assied. «… Elle allait donc être veuve…» constitue l'intégralité du paragraphe suivant. «Aimer la vie, mais y être étranger» : c'est ainsi que Klaus Mann décrit l'atmosphère des romans de Bang dans la préface de Mikaël, paru l'an dernier chez Phébus. «Un être humain en aime un autre, mais il ne peut jamais le posséder totalement : c'est le sujet de tous les livres de Bang.»

Dans son introduction à Ida Brandt, qui paraît aujourd'hui, Jens Christian Grøndahl, l'auteur né en 1959 de Bruits du cœur et Virginia, cite l'écrivain qui disait vouloir «exprimer par les mots la douleur de ceux qui ne se plaignent jamais» et dit que, en fait, Bang «fait quelque chose d'autre». Robert Musil, à propos de Mikaël, que Carl Theodor Dreyer adapta au cinéma en 1924 : «On ne montre jamais que l'instantané, le statique ; mais le mouvement est sensible dans la succession des observations.» L'ellipse, chez Bang, consiste à laisser le lecteur entièrement libre de ses émotions, à ne jamais lui assigner des explications, même s'il arrive qu'une phrase claque dans son cœur. La bonté du monde ? «Les gens sont toujours attentionnés à l'égard de ceu