«La science-fiction vaincra !» clamait Raymond Queneau en 1953. Soixante ans plus tard, son imaginaire s'est diffusé dans la société française, grâce à sa production littéraire et au succès populaire de sa transposition au cinéma. Reconnaissance supplémentaire, elle est l'objet croissant d'études, comme le montrent deux publications de thèses universitaires. C'est aussi le thème d'une nouvelle revue érudite : Ce que signifie étudier la science-fiction aujourd'hui (1). Autant d'entreprises pour dégager des lignes de force d'un corpus pour lequel le recul est désormais suffisant.
«Il se trouve que nous avons là, sur environ deux siècles, une littérature dont nous pouvons observer l'évolution, les développements et les ramifications, ce qui est rarement le cas», écrit Gérard Klein, éditeur et acteur de cette histoire dans la préface au livre de Simon Bréan. Ce chercheur de l'équipe Littérature française XIXe-XXIe siècles de l'université Paris-Sorbonne a choisi pour cadre temporel 1950-1980, du point symbolique de l'inscription de la SF dans le paysage culturel français à une date distanciée de son objet, moment où lui-même, enfant, a commencé à lire ces romans. Dans cette histoire éditoriale, il passe en revue thèmes, collections spécialisées… sur la base de plus d'un millier de titres, montrant la qualité intrinsèquement labile d'une littérature qui se situe dans un rapport spéculatif entre le monde fictionnel et le monde réel.
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