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Libération
Critique

Eclats de rides

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L’écriture comme cure de jouvence
publié le 23 janvier 2013 à 19h06

Imaginer Simone de Beauvoir en Benjamin Button - «ce jeune homme né vieux et rajeunissant au fil des ans» -, comme le fait Martine Boyer-Weinmann dans son nouveau livre, est audacieux : pensons au dernier tome des mémoires, Tout compte fait (1972), où tant de lassitude enlise en filigrane l'enthousiasme et la vitalité. Mais peut-être faut-il relire l'auteur de la Vieillesse (1970) à l'aune de la reconnaissance manifestée dans Vieillir, dit-elle : «Une des premières après Colette, Beauvoir a porté un regard littéraire sur cette ligne d'ombre, ce vertige de la cinquantaine qui renvoie les femmes à leur généalogie et les confronte à la question de la perte de la capacité de séduction, sinon du désir d'être désirée.»

Cette «anthropologie littéraire de l'âge» montre comment l'écriture aide à vieillir, et, inversement, comment vieillir nourrit l'œuvre : «Il semble que la maturation et le travail du temps donnent une épaisseur et une capacité autocritique réjouissantes à l'entreprise littéraire.» Les écrivains étudiés sont féminins, car la société soumet différemment les hommes et les femmes à l'épreuve du temps : quand tant de «beaux vieillards» sont proposés à notre admiration, où sont les «belles vieillardes» ? Les exemples masculins ne sont pas absents. «Ni retraite ni retrait», clame Claude Lanzmann dans le Lièvre de Patagonie. A quoi fait écho la bravoure inentamée de la romancière Domini