Cela lui coûta cher d'avoir soutenu la grande grève des dockers de Hambourg, en 1896. Le gouvernement prussien vit en lui un «socialiste», et bloqua toutes ses candidatures. Le dangereux révolutionnaire avait fait des études de philologie classique, de philosophie, de théologie, d'archéologie et d'histoire de l'art aux universités de Strasbourg, Iéna, Leipzig, Bonn (où il avait quitté Nietzsche, son premier amour, pour aller vers Kant, Schopenhauer et la pensée grecque) puis Kiel, et était devenu docteur à Tübingen (1877) avec une thèse latine sur le culte de Jupiter Ammon. D'abord Privatdozent, puis maître de conférence, il n'aura de chaire, d'économie pratique et théorique, qu'en 1913, à Kiel. Il quittera l'université pour se consacrer à ses travaux - étendus à l'histoire sociale, à la biologie, à la psychologie, aux mathématiques statistiques, à l'ethnologie - et n'y reviendra, comme professeur émérite, qu'en 1921. Les nazis le chassent en 1933 : pour ces écrits, et parce que sympathisant du Parti social-démocrate allemand, alors situé à l'extrême gauche. Il meurt à Kiel le 9 avril 1936.
Ferdinand Tönnies n'est pas aussi connu que les autres figures fondatrices de la sociologie allemande, Georg Simmel ou Max Weber, sur lesquels il eut pourtant une influence déterminante. De son œuvre considérable - près de 900 publications ! -, seule une infime partie, il est vrai, peut être lue en une autre langue que l'allemand. Mais elle n'a pas cessé de «vivre», car son fleuro