«Dessine-moi un mouton», c'est dépassé. Si le Petit Prince se retrouvait aujourd'hui seul sur un astéroïde, il ne demanderait l'aide de personne. Et, de lui-même, il créerait une route qui l'emmènerait vers des pluies d'ampoules électriques, une planète avec des lapins joueurs d'échecs ou des villes recouvertes de champignons.
Dans Tohu-bohu, les enfants sont eux-mêmes démiurges. Ils mettent en ordre le chaos primitif et créent leur propre monde. Puis, parce que les gamins se lassent vite, ils le laissent tomber et en fabriquent un autre. Pour Shin'ya Komatsu, 30 ans, tout finalement n'est qu'une histoire de petits objets que l'on collecte et assemble. Enfant, il gardait «les cartes et les autocollants offerts avec les bonbons, les fournitures scolaires décorées de grenouilles, les capsules de bouteilles, les cailloux, les plumes d'oiseaux, les coupures de journaux, les cartes téléphoniques (usagées) et j'en passe», raconte-t-il. Avant de les ranger dans des boîtes de biscuits et de les disposer «comme les pièces d'un puzzle pour que tout rentre parfaitement».
Tohu-bohu, en noir et blanc, au dessin géométrique, est une succession de petits contes surréalistes. Parfois les mondes et les personnages se répondent, parfois ils sont totalement indépendants, on passe en quelques cases d'un univers steampunk à un port sicilien, en faisant un détour par la lune ou un tableau de Dalí. Dans ces espaces poétiques, le danger n'est jama