Syndrome Lapinot de Trondheim : le Chicagoen Anders Nilsen a appris la narration séquentielle (et à dessiner, accessoirement) en écrivant Big Questions pendant quinze ans. D'où l'aspect un peu hésitant et sous forme de strips au début, puis l'envol pris assez vite et le mélange des intrigues par strates mentales. Le résultat est gros, comme le titre l'indique, mais surtout beau, et économique, car on peut relire à volonté cet épais chef-d'œuvre, non pas absolu, certes, mais au sens où le chef-d'œuvre est le sommet, l'accomplissement d'un travail, d'un standard.
Carrot cake. Le décor est désert, à part une maison habitée par un idiot et sa mère qui, à l'aune de 600 pages, ne fait pas long feu. Des oiseaux penseurs philosophes, pinsons pas mimis, nommés Bayle ou Betty, discutent du sens de la vie et des miettes de carrot cake qu'ils ont oublié de goûter (ils croyaient que c'était des cailloux mais en fait c'est délicieux). Un jour, un avion tombe avec son pilote, une autre fois c'est une bombe. De nouveaux oiseaux apparaissent donc, nommés Charlotte et Leroy, qui sont de petits squelettes. La question devient : que fait-on des restes organiques qui sont encore quelqu'un ?
Fantômes. Big Questions est une sorte de jeu de l'oie de la mort, structuré en rituel et ritournelle. Les hommes rêvent aux oiseaux et ceux-ci aux humains : chaque couche d'histoire (on imagine que c'est ainsi que Nilsen a progressé pendant quinze an