Pourquoi lire la biographie d’un général américain, fût-il le plus emblématique de l’époque, foudroyé en pleine ascension à la suite de quelques turpitudes sexuelles ? Parce que derrière la vie et les œuvres de ce héros d’aujourd’hui, du moins jusqu’à sa chute, ce sont les arcanes de la plus puissante armée du monde qui se découvrent et qu’à l’heure des échecs en Irak et même en Afghanistan, elle est un bon complément aux traités de géopolitique qui ne sauraient tout expliquer sur les pourquoi et les comment des guerres.
David Howell Petraeus n’était pas a priori destiné à faire le choix des armes. C’est un fils de marin hollandais, strictement presbytérien, qui, bloqué par la guerre aux Etats-Unis, s’est courageusement engagé dans la marine marchande américaine pour des missions particulièrement risquées dans l’Atlantique - elle perdra 45 000 hommes pendant le conflit. Sa mère, Myriam, est l’une des rares jeunes filles de sa génération à avoir dépassé le stade du secondaire dans ses études. C’est probablement d’elle que le futur officier tiendra son goût pour les choses de l’esprit. Au physique, lui-même n’a rien d’imposant et il est plutôt timide. Et au lieu de se distinguer dans le football américain, comme le voudrait le cursus du mâle d’outre-Atlantique, il choisit le foot européen, qui y est considéré comme un sport de filles. C’est par cette discipline qu’il rejoindra l’équipe des cadets à West Point, l’orgueilleuse académie militaire, où l’on va jusqu’à prétendre que