Comme poignait l'aube du troisième jour de l'année, les académiciens défouraillaient. La défense de la langue est un combat qui ne cesse jamais, et la tranquillité du club des vieux messieurs un trésor qui se défend les armes à la main : du bout de leurs petites épées, les Immortels viennent de repousser l'attaque de Sylvie Germain qui prétendait, la sotte, au fauteuil de Pierre-Jean Rémy. Il ferait beau voir qu'un écrivain entre sous la Coupole ! Mais revenons à ce fatidique 3 janvier : ce jour-là, la pugnacité académicienne se manifestait sur le site Internet de l'institution - au chapitre «Extensions de sens abusives» - par cet avertissement : «Les adjectifs et noms Surréaliste et Baroque appartiennent au vocabulaire de la critique littéraire et de la critique artistique.» Ce ne sont pas des mots qu'on jette dans des conversations profanes. «On évitera de trop affaiblir le sens de ces mots en faisant de leur emploi des tics de langage qui seront utilisés, généralement accompagnés de complètement ou vraiment, au moindre tracas de la vie quotidienne .» Et là, merveille, l'autorité de la langue française consent à nous donner un exemple d'extension abusive : «On ne dira pas "J'ai dû tourner une heure avant de pouvoir me garer, c'est vraiment surréaliste."» Bien, mais que dira-t-on ?
Imaginez que vous ayez effectivement «tourné» pendant une longue heure en quête d'une place de stationnement. Vous aviez un rendez-vous important, et maintenant c'est cu