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Libération

Aux quatre coins des mondes possibles

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Le cahier Livres de Libédossier
publié le 8 février 2013 à 22h37
(mis à jour le 8 février 2013 à 22h37)

«Il faut voir le monde tel qu'il est, disait l'Américain Francis Scott Fitzgerald, et vouloir le changer quand même.» C'est avec la même conviction que Flore Vasseur préface un document foisonnant, publié aux Etats-Unis en décembre et cette semaine en France, le Monde en 2030 vu par la CIA.

Depuis 1997, la cellule de veille et d'intelligence économique de l'agence de renseignements rédige pour le président américain un rapport prospectif, décryptant tous les quatre ans «les tendances lourdes» et «les signaux faibles» du monde. L'agence ne se risque pas à prévoir l'avenir - elle s'est déjà lourdement trompée - mais à identifier des «futurs potentiels». Incomplet, biaisé, intéressé ? Certainement. On pourrait gloser à l'infini sur les aveuglements successifs de la CIA qui défend d'abord ses intérêts. Il n'empêche, les scénarios dessinés valent le détour.

Tous se fondent sur la même intuition : la puissance des mutations en cours prépare un changement d'une ampleur inégalée depuis les révolutions politiques et économiques de la fin du XVIIIe siècle. «Un tournant même, écrit l'agence, dans l'histoire de l'humanité.» L'émancipation des individus à l'échelle de la planète, la forte réduction de la pauvreté, l'immense croissance des classes moyennes, la diffusion tous azimuts de nouvelles technologies (parfois meurtrières) et de nouveaux modes de production seront autant de forces à l'œuvre dans la gra