De toute façon, le piège est déjà dans les rets du langage, qui dit «Homme» pour désigner toute l'espèce humaine et «femme» pour en indiquer seulement une moitié. Aussi peut-on toujours rêver que l'humanisme ne soit plus un… hominisme, que les questions du féminin et du masculin, se mêlant, constituent une unique assise anthropologique, sociale et culturelle où la centralité serait celle de la seule personne.
Mais, de fait, l'interrogation sur l'identité féminine et masculine perdure. Le féminisme l'a imposée, afin d'exhumer les mécanismes de la domination des hommes et de soutenir son combat pour les droits des femmes. Depuis les années 70, les gender studies l'ont radicalisée, ce qui a permis de «repenser l'organisation sociale dans son ensemble selon des modèles homosexuels ou transsexuels» et d'appréhender la sexualité «comme une construction essentiellement sociale et culturelle». Dans la dernière décennie ont même fleuri, outre-Atlantique, des men's studies, où s'élabore une critique de la masculinité hégémonique qui, «entée sur le patriarcat, les pratiques sportives, le travail, ou l'Etat», engendre «sexisme, misogynie, homophobie et criminalité».
Inventer le masculin semble appartenir, de prime abord, à ce type d'études dont, au-delà de l'intérêt, il soulignerait les limites, n'y trouvant pas la tentative de «comprendre pourquoi les hommes sont aussi les victimes de ces constructions».