C'est un roman épique très spirituel qui se passe «dans le village oublié de Tiszlár, près de Kecskemét, à quatre-vingts kilomètres de Budapest, au milieu de la grande plaine hongroise de la Puszta, dont le nom d'origine slave signifiait "solitude"». Un village de la Hongrie rurale voué à la monoculture betteravière. «Betteraves, betteraves, betteraves : bien parées, bien angoissantes, ces têtes plissées apparaissaient au bout de chaque ruelle et observaient le village.» Des betteraves pour seul horizon, autrement qualifiées de «têtes chauves» par les locaux.
C'est aussi l'histoire de paysans pauvres et un peu crasseux qui vont devenir des ouvriers agricoles parce que le communisme de Staline arrive jusqu'à eux, et qu'ils croient au grand soir, pour finir par déchanter car rien n'est jamais simple. Gibiers est aussi le rêve d'une femme, misérable paysanne qui, dès l'enfance, montre une appétence à la rébellion. «Il y avait bien chez Pacha Szekér, au-delà de l'innocence, une énergie curieuse, une intense activité intérieure qui ne demandait qu'à déborder et qui la poussait à mépriser l'obéissance, le respect, la morale, toutes ces toiles d'araignées de l'esprit qui l'empêchaient de voler librement et qu'elle s'efforcerait, une vie durant, de déchirer.»
Chapardeuse de lard. Clément Caliari décrit ainsi son héroïne et, de la première à la dernière page de son deuxième livre (1), il ne la l