Samedi
Quartier d’affaires
En fait, non. Il semblerait qu'en dépit de mon anonymat quasi-total, cette question ne soit pas pertinente dans l'immédiat ; celle qui mérite d'être posée, ce samedi à 9 heures en temps universel, est plutôt : où suis-je ? Vent. Ciel changeant, nuages filants reflétés sur les façades de verre. Quartier d'affaires désert, salariés évanouis, papiers voletant à ras des trottoirs. La ville nouvelle comme vous ne l'avez jamais vue, comme elle ne peut apparaître à ceux qui la fréquentent : vide, au petit matin. Ce genre d'ambiance m'émeut toujours et je ne sais jamais expliquer pourquoi. «La beauté des quartiers d'affaires» (1). Comme la plupart des espaces urbanisés dans la seconde moitié du XXe siècle - avoir un ami chercheur en urbanisme -, cette sorte de ville est juchée sur une colline. Je marche au milieu des rocades silencieuses et découvre l'immense banlieue qui s'étale jusqu'à l'horizon.
Dimanche
Repos horaire
Quand suis-je ? Les dimanches ont ceci de remarquable et de magnifique que le découpage horaire s'y annule. Ce phénomène entre en vigueur dès minuit. On peut assister à l'aube. J'assiste à l'aube. On peut fonder sa notion du temps sur le son lointain des cloches résonnant dans un rêve, les étals de marché et le crépuscule. On peut être fatigué. On peut être. Que fait le Président ? Je m'en tape. Le personnage de mon roman tranche la gorge de son père au moment ou celui-ci «se rapproche de son ultime objectif : être au courant». Les heures et les actualités so