«Les vainqueurs ne savent pas ce qu'ils perdent.» L'Italien Ugo Riccarelli, né en 1954, a mis cette phrase de son compatriote Gesualdo Bufalino en épigraphe de l'Ange de Coppi, recueil de 11 textes consacrés au sport et aux champions (il y a aussi une dizaine de pages à la fin présentant une notice biographique des «protagonistes»). Le héros de chaque nouvelle est aussi bien le cycliste italien Fausto Coppi que l'athlète tchécoslovaque Emil Zátopek (à qui Jean Echenoz a déjà consacré Courir), le boxeur noir américain Jack Johnson confronté au racisme du début du XXe siècle, que Nikolai Trusevich, le gardien de but ukrainien dont l'équipe, dans un camp, dut affronter une équipe nazie avec interdiction de vaincre. On y rencontre aussi Pier Paolo Pasolini et son lien avec le football, et surtout les footballeurs, et l'auteur lui-même qui raconte comment il a «décidé d'écrire ces histoires, puisées dans un souvenir ou dans un songe, un peu entre deux mondes», ces «histoires réelles ou rêvées».
La légende du sport, la façon dont chacun se l'approprie, est ici la matière de Riccarelli. D'une certaine manière, il approfondit la mythologie inhérente aux récits des exploits de champions. Comme dans toute mythologie, les interprétations sont réversibles, ce qu'on croyait une bonne nouvelle s'en révèle une mauvaise et les victoires sont souvent des défaites mal comprises. «Etre immortel est peu de chose» est une p