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Critique

Privé de dissert

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Denis Kambouchner se saisit d’un sujet déserté par la philosophie : l’école
publié le 20 février 2013 à 19h06

Si, étymologiquement, elle consiste à ex-traire, tirer de, conduire hors de, et faire en sorte que celui qui est ainsi sorti s'élève, l'éducation apparaît comme une opération simple dans son programme et très complexe dans sa réalisation. On voit en effet d'où on part et où on doit arriver : de l'ignorance à la connaissance, de l'hétéronomie à l'autonomie du jugement, de la «minorité», selon Kant, à la «majorité». Quant aux moyens que cela exige, il semble impossible de les définir, tant ils sont nombreux, variés en qualité, hétéroclites en nature - mobilisant techniques, disciplines, dispositions, disponibilités, forces de l'esprit, élans du cœur, puissances de l'imagination… L'homme est fait d'un bois si noueux qu'il est impossible d'y tailler des poutres bien droites, disait encore Kant.

Pour l'éducation, de même ; sa trame est faite de fils si subtils qu'il est inconcevable d'y découper des figures bien nettes ou des modèles, valant partout et pour tous. C'est pourquoi il paraît paradoxal qu'existent des sciences de l'éducation. Il est hors de propos de s'interroger ici sur leurs apports : nourries de psychologie cognitive, de psychanalyse, de sociologie, elles ont saturé de théories le discours sur l'enfant et son évolution, sur les apprentissages, la «construction par l'élève de ses propres savoirs», l'acquisition des compétences («apprendre à faire»), la réduction ou la reproducti