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Libération
Critique

Un an de solitude

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Le cahier Livres de Libédossier
Rencontre avec le romancier Kevin Powers, ex-soldat
publié le 20 février 2013 à 19h06

De février 2004 à mars 2005, Kevin Powers a été soldat dans le nord de l'Irak. Ce n'était pas la plus limpide région du monde. A 23 ans, après six ans d'armée dans sa Virginie natale et au Missouri, il devient mitrailleur et patrouilleur dans des lieux difficiles : Mossoul, Tal-Afar. Il n'a encore publié aucun livre, mais il écrit des poèmes depuis qu'à 12 ans il a découvert Dylan Thomas : «C'est mon premier grand écrivain, celui qui m'a fait écrire. Son langage était si dynamique, si musical… Je ne le comprenais pas vraiment, mais sa musique me fascinait.» Ne pas comprendre ce qui vous charme ou vous accable est une bonne raison de lire, puis d'écrire.

A son arrivée, l'Irak se résume pour lui aux portes de Babylone. Il a acheté des CD pour apprendre quelques mots d'arabe. Le contact avec les Irakiens, ces ennemis à sauver, ces fantômes, n'excède jamais quelques minutes. Il commence par tenir un journal, mais, «très vite, cela n'a plus eu de sens, j'ai préféré lire les livres que ma mère m'envoyait». En particulier, Cent ans de solitude : «Ce livre si riche était une échappatoire, il me donnait une chance d'utiliser mon esprit et mon imagination, de ne pas être atrophié. Le seul fait qu'il soit gros était important.» Il met quatre mois à le lire. Le roman de García Márquez a rejoint la maison familiale, à Richmond. Elle n'est pas loin de celle où a grandi William Styron.

Patriotiques. A 17 ans, Kevin Pow