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Libération

«Belle et Bête», les arts de la fable

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Marcela Iacub publie mercredi un livre sur sa relation dévorante avec un homme célèbre qu’elle surnomme le «cochon».
Paris, mai 2010. Portrait de Marcela Iacub, juriste française et chercheuse au CNRS. COMMANDE N° 2010-0669 (Roberto FRANKENBERG)
publié le 21 février 2013 à 21h56

(Photo Roberto Frankenberg)

Ça y est ? C'est fini ? La pluie des ressentiments a cessé ? La tornade des ragots s'est calmée ? Le Net a enfin fermé sa gueule ? Oui ? Non ? On s'en moque. On peut enfin sortir de l'ermitage mental où l'on s'était retiré pour lire et désormais parler du plus important qui justifie que nous en fassions tout un événement : un livre, Belle et Bête, le nouvel ouvrage de Marcela Iacub. C'est une cochonnerie. Une belle cochonnerie. Car tout est bon dans le cochon, de la tête à la queue. Ceux qui parlent de Belle et Bête sans l'avoir lu diront, en sautant à la hussarde la métaphore charcutière, que de la salaison au salace, Marcela Iacub a sauté le pas. Justement non. C'est plutôt le pas qu'elle fait sauter avec allégresse, l'idée même de seuil (des convenances, de la bonne éducation, des idées raisonnables) qu'il ne faudrait pas franchir. Pour la première fois dans un de ses écrits, elle lâche le droit et se donne tous les droits.

Autrefois, en devanture de la maison Noblet, une fameuse charcuterie du XIVe arrondissement de Paris, une toile peinte représentait un très gros cochon rose tenu en laisse par une ravissante petite fille. Le cochon était en larmes, mais la petite fille le consolait : «Pleure pas, grosse bête, tu vas chez Noblet.» On pourrait dire en guise de traitement propédeutique à la lecture : «Pleure pas, gros cochon qui est le personnage de ce roman pur porc, c'est la petite Marcela qui va te dévorer