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La vérité si elle ment

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Le cahier Livres de Libédossier
Iacub s’immerge dans une littérature où une réalité côtoie la fiction, où une femme tutoie l’infâme.
publié le 21 février 2013 à 21h56

La vérité, c'est quoi ? La vérité de ce qu'on vit dans la société où l'on vit ? Pour se donner une chance de le savoir, il faut descendre dans le puits - naturellement sans fond. Si l'on s'y mouille et s'y salit, si l'on est toujours sûr de recevoir sur la tête les cadavres et charognes jetés par les autres, au clair de lune ou des projecteurs, on n'est jamais certain de l'y trouver, elle : la vérité n'est pas bonne fille, même toute mouillée elle est fille de l'air. Bien avant Freud, Sade l'a dit lorsqu'il écrit à sa femme depuis sa cellule : «Vous m'avez fait former des fantômes qu'il faudra que je réalise.» La phrase a inspiré le titre d'un livre de Hervé Guibert. Elle pourrait figurer en exergue d'une bonne partie de la littérature française contemporaine.

Inutile de marchander. D'autant que le puits, ces dernières décennies, a des parois de plus en plus mobiles et poreuses. La réalité et les fantasmes, le public et le privé, la fiction et la non-fiction, toutes ces belles catégories jouent à Garou-Garou, le passe-muraille, de Marcel Aymé. On naît, on vit et on meurt impur, contaminé par le spectacle lumineux et ténébreux de soi-même et des autres. De Michel Houellebecq à Catherine Millet, de Christine Angot à Régis Jauffret, d'Emmanuel Carrère à Virginie Despentes, pour ne citer que les plus puissants, de nombreux écrivains s'efforcent non seulement de suivre les passe-muraille et de les attraper, mais aussi de met