Il ne faut pas désespérer des économistes, ils peuvent même avoir de l'humour. L'un d'eux, professeur émérite, rêve que François Hollande se prenne pour Bernadette Soubirou et que le Président entende soudain des voix, ou plutôt une voix. La sienne… et surtout qu'il la suive. Cette ruse un brin mystique d'Olivier Pastré le conduit à introduire son dernier ouvrage par une scène miraculeuse : un président de gauche, prénommé François, qui - contemplant son bilan en 2021, par «une fraîche matinée de printemps» - se dit qu'il a vraiment réussi à terrasser la crise, mieux encore à changer le réel, sinon la vie. En tout cas, «le cours de la politique économique de la France», assurément.
La liste est longue dans l'histoire de France des conseillers du prince et des visiteurs du soir qui ont rêvé un jour de tirer les ficelles du pouvoir en agitant sous son nez le grand dessein d'«une autre politique». Pastré, qui appartient à la chapelle des modérés, en est pourtant convaincu, l'heure n'est plus «à modifier les termes de l'équation politique de la France, mais l'équation elle-même». Il nous demande de prendre un léger recul, d'observer la situation cinq ans après le début de la crise la plus violente depuis un siècle et de concéder qu'aucun des remèdes classiques employés n'est parvenu à recoller les morceaux ou à éloigner la menace d'un chaos général. Au passage, il fait le constat clinique de l'errance de la science économique. Il milite pour