L'histoire politique répond parfois aux mêmes principes que la chimie. «Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme» ou, pour reprendre un vocabulaire plus contemporain, «tout se recycle». Un principe appliqué à la lettre à la fin de la Seconde Guerre mondiale envers les anciens collaborateurs, le plus souvent issus de l'extrême gauche, du Rassemblement national populaire de Marcel Déat ou du Parti populaire français de l'ancien responsable communiste Jacques Doriot. Des hommes rapidement blanchis par les services de l'Etat, mis à contribution pour jouer les petits soldats ou les propagandistes dans la nouvelle bataille qui s'annonçait contre les communistes.
En 1947, Winston Churchill déclare qu'«un rideau de fer s'est abattu sur l'Europe». La guerre froide démarre. Très vite, les services secrets américains ont fait leur marché parmi les anciennes notabilités nazies, notamment chez les scientifiques. Exemple le plus connu, celui de Wernher von Braun, père des V1 et V2, reconverti à la Nasa comme grand responsable du programme Apollo qui conduira des hommes sur la Lune. La France aussi a accompli sa grande semaine du blanc dès la Libération. Avec ce principe que rien ne vaut un ancien communiste ou socialiste passé par le fascisme pour devenir le plus virulent anticommuniste.
La minutieuse et foisonnante enquête de Frédéric Charpier retrace quelques itinéraires individuels et la mise en place de nombreuses officines, la plupart financées pa