Menu
Libération
Critique

Chagrin d’humour

Article réservé aux abonnés
L’autodérision judéo-new-yorkaise appliquée à une explosion conjugale : reparution du roman autobiographique de Nora Ephron, journaliste, écrivain, scénariste et réalisatrice disparue il y a un an
publié le 6 mars 2013 à 19h06

C'est la chance de rattraper l'Américaine la plus drôle de sa génération, de lire enfin Heartburn, le premier livre de Nora Ephron paru il y a trente ans. Une Woody Allen. New-yorkaise comme lui, obsédée par l'amour, le sexe, les relations entre les hommes et les femmes, drôle, comme lui, et triste, comme lui. En plus jeune et plus féminine, certes. Et même plus populaire que le cinéaste culte, avec des comédies romantiques à succès, Quand Harry rencontre Sally ou Nuits blanches à Seattle.

Nora Ephron est aussi la fille spirituelle d'une autre New-Yorkaise célèbre, Dorothy Parker, écrivain et scénariste de l'avant-guerre, qui réussira toujours à ironiser sur ses malheurs : «You might as well live»… «Autant continuer à vivre», la conclusion de son fameux poème sur le suicide, est à mourir de rire.

Heartburn, ou brûlure d'estomac, ou mal au cœur. Un très beau mot médical pour un chagrin d'amour. Best-seller aux Etats-Unis, il avait été publié à l'époque en français sous un titre décourageant, qui se voulait une superblague : C'est cuit, dit-elle (Robert Laffont, 1984). Ce roman vient d'être republié avec son titre original. Entre-temps, il était sorti en poche (J'ai lu, 1986) quand un film avait été adapté du livre, cette fois appelé la Brûlure pour la version française. Jack Nicholson y joue le mari, le fameux Carl Bernstein, l'un des deux journalistes à révéler le scandale du Watergate qui fit tomber le président N