Comment devenir romancier américain quand on est romancier français ? Ce complexe provincial est le ressort critique et ironique de la Disparition de Jim Sullivan. Ceci n'est pas tout à fait un roman, même si c'en est aussi un, mais le making of du roman, son atelier d'écriture à la lumière de la question. Celui qui écrit a remarqué qu'il y a beaucoup de romans américains dans sa bibliothèque et qu'il est bien difficile d'en écrire un si l'on campe son héros «au pied de la cathédrale de Chartres». Proust l'a fait, c'était il y a longtemps. Désormais, «les Américains ont un avantage troublant sur nous : même quand ils placent l'action dans le Kentucky, au milieu des élevages de poulets et des champs de maïs, ils parviennent à faire un roman international». L'action de la Disparition de Jim Sullivan débutera donc près de Detroit.
Tout en élaborant son histoire et en la contant, l'auteur-narrateur inventorie les recettes indispensables à la réussite du roman américain exporté. Il y en a une quinzaine. Par exemple, le personnage principal doit être divorcé et la vie de chacun doit croiser de grands événements - en l'occurrence, deux, l'assassinat de Kennedy dans son enfance, la guerre d'Irak au printemps 2003 : «C'est une chose dont on ne peut se passer en Amérique, la présence d'événements qui ont lieu en vrai comme la destruction des tours ou la crise financière ou l'intervention en Irak. Ce sont des choses qui doivent faire comm