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Interview

Paul Auster: «La majeure partie de ma vie a disparu»

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Paul Austerdossier
«Chronique d’hiver», nouvelle variation autobiographique du romancier new-yorkais.
publié le 6 mars 2013 à 19h06

Rien de plus fraternel que Chronique d’hiver, les nouvelles variations autobiographiques de Paul Auster, né en 1947. C’est le journal d’un corps tout couturé, un peu fourbu d’avoir longuement vécu, souffert, aimé, voyagé. Mais un corps en état de marche. Les critiques anglo-saxons ont parfois fait la fine bouche devant l’exercice. Certains (New York Times) ont jugé Winter Journal inférieur au premier livre, l’Invention de la solitude, où l’auteur évoquait la mort de son père. D’autres (le Guardian) l’ont trouvé exécrable et complaisant, comme s’il s’agissait d’une simple collection de souvenirs que l’auteur aurait dû garder par-devers lui. Il faut croire que c’est justement la simplicité avec laquelle Paul Auster exhume des pans de sa vie, qui convainc les lecteurs français. Il commente des listes (par exemple, toutes les adresses où il a habité). Il raconte le jour où il a failli tuer sa fille et sa femme - la romancière Siri Hustvedt - dans un accident de voiture, l’émerveillement du petit garçon qu’il était lorsque sa mère participa à une partie de base-ball, et, lorsque sa mère est morte, les crises de panique qui l’ont terrassé adulte. Il revoit la reconnaissance du jeune homme pauvre devant l’accueil à Paris du poète Jacques Dupin et de son épouse. Il célèbre la nuit, toujours à Paris, passée avec une prostituée qui récitait du Baudelaire. Certains épisodes figurent déjà dans le Carnet rouge, recueil de bonnes histoires de hasa