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Libération
Critique

Ci-geek Skippy, 14 ans

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Le cahier Livres de Libédossier
Entre blague potache et drame intime, le roman de Paul Murray raconte la mort, puis la vie, d’un élève de «la rangée du milieu». Rencontre avec l’écrivain irlandais
publié le 13 mars 2013 à 19h06

En VO, le titre est différent : Skippy Dies, Skippy meurt, tel le Malone de Beckett, sauf que le personnage porte ici le nom d'un kangourou. Le projeter dans les étoiles est une invention de l'édition française qui, si elle s'éloigne du sens initial, n'est pas une mauvaise lecture. Etre dans les étoiles, comme on est dans la lune, comme on fait partie du grand tout, comme on monte au ciel - tout cela sied au roman. Il n'empêche que Skippy meurt, sans litote, dès les premières pages, qu'il vire au pourpre et tombe de sa chaise en plein concours d'ingestion de beignets. Il avait 14 ans, et une petite copine à laquelle il tente, dans un dernier effort, d'écrire un message avec du sirop de framboise, sans parvenir au bout : «Dis à Lori»… Partant de là, flash-back de 450 pages, plus 200 pour l'après-lui. C'est un gros livre, surtout qu'il devait n'être qu'une nouvelle.

«Au départ, l'histoire devait se limiter à celle d'un professeur face à une classe agitée, explique Paul Murray, de passage à Paris. Ce qui s'est passé, c'est qu'à la fin de la nouvelle, la cloche sonnait, les enfants sortaient. Je les ai vus marcher dans le couloir et, d'un coup, un monde est apparu, les silhouettes et l'architecture se sont modelées dans mon esprit. J'ai pris conscience que tout était possible dans le décor d'une école. Je pouvais parler de jeux vidéo, d'histoire, de sciences…» De physique quantique encore, de la Grande Guerre, de folklore irlandais, de drogue,