Le Magicien d'Oz démarre avec un cyclone. La petite maison du Kansas vole vers une autre contrée, Dorothy et le petit chien Toto à son bord. C'est par ce cyclone que L. Frank Baum comptait dynamiter le conte traditionnel. Exit les génies, les nains, les fées et autres personnages stéréotypés, postule-t-il dans sa préface. «Ce récit a pour ambition d'être un conte de fées modernisé, dans lequel on a préservé l'émerveillement et la joie tout en écartant chagrins et cauchemars.» L'Américain, né en 1856, s'est recyclé dans la littérature jeunesse après un parcours erratique d'acteur, de gérant de bazar et de journaliste. Bien lui en a pris, son Magicien d'Oz, illustré par William Wallace Denslow, suscite l'engouement à sa sortie, en 1900. Son manifeste en faveur du merveilleux hors des chemins battus, via la route de briques jaunes qui mène Dorothy et ses étranges compagnons à la Cité d'Oz, a touché le cœur des Américains. Le film musical de Victor Fleming, en 1939, avec Judy Garland alias Dorothy et Frank Morgan alias le magicien, a renforcé la légende. Une nouvelle grammaire fantastique se déployait à l'orée du XXe siècle qui devait imprégner la littérature enfantine anglo-saxonne.
Miroir. De ce côté-ci de l'Atlantique, «le Cycle d'Oz» s'est quasiment arrêté là. Pourtant, après le premier roman qui a posé l'univers, Baum a continué, jusqu'à rédiger 13 sequels à la tornade originelle. A une peti