Menu
Libération
Critique

Paul Ricœur, maître-semeur

Article réservé aux abonnés
Le cahier Livres de Libédossier
Le philosophe aurait 100 ans aujourd’hui
Portrait du philosophe français Paul Ricoeur, réalisé le 11 juin 2003 à la Fondation Singer-Polignac à Paris. (Photo MARTIN BUREAU. AFP)
publié le 13 mars 2013 à 19h06

En novembre 1969, le Collège de France préfère Michel Foucault à Paul Ricœur. Celui-ci est alors le doyen de la faculté de lettres et sciences humaines de l’université de Nanterre, dont il était l’un des fondateurs, en 1964, et où il avait appelé Emmanuel Levinas, alors peu connu. Il avait assisté là à l’éclosion de Mai 68. Regardant avec sympathie la révolte étudiante, il s’était fait l’avocat, avec Alain Touraine et Henri Lefebvre, de Daniel Cohn-Bendit, devant la commission disciplinaire qui devait décider de son renvoi. Mais, en tant que recteur, il est quotidiennement insulté et rudoyé par les «enragés». Le 9 mars 1970, il démissionne de sa charge (mais demeure professeur) et passe le flambeau à René Rémond.

Une double déception pour Paul Ricœur, qui n'est sans doute pas étrangère à son «exil». De foi protestante, politiquement situé à gauche mais non-marxiste, le philosophe sera absent de tous les débats «révolutionnaires» des années 70. Sa carrière se déroulera, pour une large part, à Louvain, à Genève, à Montréal, et, surtout, aux Etats-Unis : dans un college quaker, puis à New York, enfin à la Divinity School de Chicago, où il succède à Paul Tillich, et, jusqu'en 1992, au département de philosophie de l'université de Chicago.

Fruits. Paul Ricœur aurait 100 ans aujourd'hui. Rarement le centenaire de la naissance d'un penseur aura suscité, dans le monde entier, autant d'événements célébratifs, de publications, de s