En 2009, Harald Welzer publiait les Guerres du climat, un ouvrage marquant qui s'essaie à l'anticipation géopolitique en décryptant les conflits du XXIe siècle. Selon le sociologue, l'évolution du climat va entraîner une accumulation de catastrophes sociales, qui produiront des modèles, temporaires ou durables, sur lesquels on ne sait rien, mais dont on pressent la noirceur. D'après Welzer, l'impact social des changements climatiques est le parent pauvre de la pensée écologique. «Les études qui traitent des catastrophes naturelles ressortissent aux sciences de la nature, tandis que c'est le silence du côté des sciences humaines et sociales, comme si n'entraient pas dans leurs compétences des phénomènes comme l'implosion des sociétés, les conflits autour des ressources, les migrations massives, les insécurités, les angoisses, les radicalisations, les économies de guerre et de violence.»
Depuis la sortie de votre livre, la prise de conscience des questions environnementales a-t-elle progressé?
Non. En dépit de nombreuses études qui mettent à jour l’importance de ces sujets - celles du Parlement allemand sur le réchauffement climatique et la violence ou, plus récemment, celle du Centre américain pour le progrès sur les interrelations entre les sécheresses, l’augmentation du prix des matières premières agricoles et les révolutions arabes -, rien ne change. Ni les hommes politiques ni les diplomates ne semblent vouloir s’intéresser aux conséquences, pourtant prévisibles, des changements climatiques en cours.
Avec cet ouvrage, vous avez écrit une histoire non conventionnelle du XXIe siècle. Pensez-vous que nous puissions éviter la trajectoire tracée par la pénurie annoncée des ressources ?
Question difficile. Nous sommes potentiellement cap