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Libération
Critique

«Bloody Miami», la comédie cubaine

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Fan d’auteurs naturalistes comme Zola ou Balzac, le dandy américain signe un thriller bouillonnant.
publié le 22 mars 2013 à 21h26

Le dernier roman de Tom Wolfe, Bloody Miami, s'ouvre sur la rage et la défaite d'un Anglo, patron du Miami Herald, et de sa femme, lorsqu'une flamboyante Latina au volant d'une Ferrari leur pique la seule place de parking devant le restau chic de la ville. «Le Balzac !» s'amuse Wolfe, clin d'œil à Honoré, son idole. Enfin, son deuxième écrivain préféré, après Zola. En un crissement de pneus et un torrent d'insultes bilingues, tout est dit.

«Vete ala merda puta !» («Va te faire foutre, pouffiasse !») balance la Latina triomphante dans son bolide. «Parle anglais, connasse, tu es en Amérique maintenant !» hurle, dans sa langue, l'Américaine pourtant bien élevée, perdant son sang-froid, coincée dans sa petite bagnole hybride si politiquement correcte. «No, mia malhabada puta gorda, issi on est à Mee-ah-mee !» («Espèce de grosse pouffiasse, on est à Miiiiiiamiiii») lui répond la Latina élégante moulée dans une robe en soie, perchée sur des talons en croco blanc, avant de s'éloigner calmement. Miami n'est pas l'Amérique ? Pas totalement.

Les représentants de la race aristo des bonnes universités de la vieille Amérique face aux envahisseurs hispaniques, ces Cubains qui ont débarqué à Miami en vagues successives, fuyant Fidel Castro : le prologue de Tom Wolfe donne d'emblée la clé du roman mais avant d'arriver à la 600e page, on aura été secoués, comme dans l'un des Chris Crafts fendant les vagues de la baie de Biscayne,