Alors que Libération fête modestement ses 40 ans d'existence cette année, Vladimir Fédorovski, grand spécialiste de la Russie éternelle, revient sur les 400 ans de la dynastie Romanov, dont le premier membre, Michel, monta sur le trône des tsars en 1613. Une saga à la démesure de ce pays continent, faite d'assassinats, de conquêtes et de folie, qui sembla s'achever en 1918 avec le massacre de la famille impériale par les bolcheviques, mais qui perdura, de fait, avec Staline et Vladimir Poutine, président à vie et nouvel héraut de la grandeur slave.
L'histoire des Romanov débute donc au XVIIe siècle. Une douce époque où l'on s'empalait pour un da ou pour un niet, où l'on enfouissait les femmes adultères, où les divergences religieuses s'achevaient sur des bûchers… Où la cour ressemblait à un bivouac permanent, les dames du palais vivant dans des tentes et accouchant au milieu des soldats, que l'on faisait entrer par sections entières, l'hiver, dans la chambre de l'impératrice, «pour chasser le froid» en leur donnant l'ordre de «respirer bien chaud».
Rien d’étonnant, dès lors, de découvrir que l’histoire de la dynastie fut à la hauteur de cette Russie sauvage, orientale et barbare. Arrivés au pouvoir après des décennies de troubles liés à la succession chaotique d’Ivan le Terrible, les Romanov durent ensuite lutter pour se maintenir sur le trône. Coups d’Etat, meurtres familiaux, mariages secrets et adultères furent monnaie