Je connaissais à peine Jean-Marc Roberts. Pourtant, de toutes les personnes que j'ai rencontrées dans ma vie aucune ne m'a autant donné que lui. Aucune. Ni ma mère, ni mon père, ni mes professeurs, ni mes amours, ni mes succès, ni mes échecs. Non seulement parce qu'il était l'éditeur le plus tendre, le plus chaleureux, le plus attentionné, le plus intelligent, le plus disponible qui soit pour ses auteurs. Cet homme avait un pouvoir que peu de gens possèdent : il était capable de vous offrir votre propre courage. Et de ce pouvoir et de cette générosité si rare, j'en ai bénéficié comme d'un miracle. Non qu'auparavant je n'en aie pas eu du tout, du courage. J'en avais un peu. Mais lui qui était le plus courageux parmi tous, lui qui aimait avoir peur, lui qui palpitait en prenant des risques, lui qui préférait la ferveur à la sécurité m'a montré que je pouvais traverser les chemins les plus dangereux et arriver au bout saine et vivante. Plus encore. Que je pouvais les traverser et me transformer en une autre personne bien plus puissante que je ne l'étais, avant d'entreprendre cette marche. Quelques jours avant que Jean-Marc Roberts ne rentre dans son dernier hôpital, je lui ai dit, presque sans me rendre compte, que j'étais en train de restituer le cadeau qu'il m'avait fait : «Toi et moi Jean-Marc, on est faits du même bois. Nous n'avons peur de rien.» Je me dis maintenant qu'il a dû penser qu'un jour, aujourd'hui, le jour de sa mort, j'allais me souvenir de ma propre p
Il était capable de vous offrir votre propre courage
Article réservé aux abonnés
par Marcela Iacub
publié le 25 mars 2013 à 22h16
Dans la même rubrique