Fidèle à une réputation à peine usurpée d’homme de coups, Jean-Marc Roberts a poussé la rigueur jusqu’à mourir hier, au dernier jour du Salon du livre, le midi de cette sinistre «journée professionnelle». Car, contrairement à ce qu’il confiait parfois, sans la moindre fausse modestie, ce qu’il répétait il y a quelques jours encore, calé dans le coin de son canapé rouge sombre, souriant derrière ce visage qui n’était plus tout à fait le sien : Jean-Marc Roberts était un grand éditeur.
Discrétion. Une fois de plus, il aura évité de faire de l'ombre à ses auteurs et réussi un élégant pied de nez à un petit milieu qu'il donnait désormais sans exagérer l'impression de détester - l'affaire Marcela Iacub lui ayant procuré l'ultime décisive occasion de le vérifier. Belle et Bête restera donc comme le dernier livre qu'il a publiquement défendu, de toutes ses forces, et face à l'ignominie de certaines attaques.
Au même moment, avec la discrétion qui s'est toujours imposée à lui, qui «marquait mal» comme disait sa grand-mère italienne, et dominé par un puissant sentiment de position sociale, il publiait ce qu'il savait son dernier livre d'auteur : Deux vies valent mieux qu'une, «un titre un peu pute» qu'il préféra in fine à Parlez pas de malheur, «nettement plus crade».
Editeur majeur, Jean-Marc Roberts fut aussi, en effet, un auteur trop vite catalogué comme mineur. Il faut dire qu'il n'a