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Libération

Te perdre, c’est aussi me perdre

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publié le 25 mars 2013 à 22h16

J'ai reçu un texto qui disait : «Jean-Marc est mort ce midi. Ecrirais-tu un bref texte pour Libé J'étais dans la rue, j'attendais avant d'aller à un rendez-vous, et comme il y avait du soleil je m'étais appuyée à une barrière Vauban pour en profiter. J'attendais le dernier moment pour entrer dans l'immeuble. Et puis le texto est arrivé. Te perdre, c'est aussi me perdre. C'est perdre une des personnes les plus importantes de ma vie. Tu as été mon éditeur à un moment où personne ne voulait l'être. Tu m'as lue, tu m'as vue, tu m'as publiée, tu m'as défendue, tu m'as fait comprendre, tu m'as protégée, tu m'as aidée, tu m'as répondu au téléphone, tu as partagé des repas avec moi, tu as ri avec moi beaucoup, tu m'as fait rire, tu m'as fait rire de tout ça, tout finissait toujours par être gai et drôle avec toi, l'édition, la publication, les journalistes, tout, tu disais que c'était ta drogue. Tu savais faire tout ça, tu étais ce qu'on appelle «un bon», un des meilleurs, et puis voilà, tu n'es plus là. Quand on envoie un manuscrit à un éditeur, on est suspendu à sa réponse, à ce «oui» qu'on espère. Quand il le dit ce «oui», on est sauvé, c'est un des plus beaux moments de la vie. A ce moment-là, l'éditeur on a l'impression qu'il nous donne tout. Tout absolument tout. Et c'est vrai. Mais toi Jean-Marc, ce que tu réussissais, c'était de faire ressentir que toi aussi tu venais de recevoir quelque chose, que moi aussi je venais de te donner quelque chose sans quoi