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Critique

Quand Houellebecq écrit avec des pieds

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Avec «Configuration du dernier rivage», le prix Goncourt évoque «la fin de vie» sur le mode élégiaque.
Michel Houellebecq, le 28 mars à Paris. (Photo Roberto Frankenberg pour «Libération».)
publié le 1er avril 2013 à 20h56
(mis à jour le 1er avril 2013 à 22h34)

La semaine dernière, on avait essayé d'écrire un poème de Michel Houellebecq : «Nos corps nus allongés dans une laverie / Se sont regardés blancs comme deux Vache qui rit.» Il y avait bien la métrique classique coupée à intervalles réguliers (3+3+3+3 = un alexandrin), la rime plate comme la vie, la trivialité clinique industrielle («Vache qui rit»), un Eros passablement fatigué, désir mort, cadavre comme un gisant. Mais c'était un peu court et l'on avait en outre commis deux erreurs graves au début du second vers : une coupe 2+4 au lieu de 3+3 et le rejet de «blancs» loin de «corps» qui en fait presque l'adverbe de «regarder», afféterie inutile que Houellebecq ne se serait jamais permise.

Un pied de nez au ratage

Heureusement, Configuration du dernier rivage est venu nous détromper en cinq parties, cinq stases allant de «l'étendue grise» (sans capitales) à «plateau», en passant par «mémoires d'une bite». Pour son cinquième recueil, Michel Houellebecq continue d'évoquer la «fin de partie» ou la «fin de vie» et l'«échec total» sur un mode antitragique, banal, qui fait un pied de nez au ratage (dont on ne peut dire qu'il soit la qualité principale de l'auteur).

Le ton est apparemment élégiaque, évoquant dès le premier poème l'être cher disparu («Par la mort du plus pur / Toute joie est invalidée / […] Il faut quelques secondes / Pour effacer un monde») puis, rapidement, l'amour comme mys