Le 2 août 1957, un procès retentissant s'ouvre à Los Angeles. Dans la foulée d'une plainte pour diffamation déposée par la comédienne Dorothy Dandridge, une centaine de stars américaines se sont portées partie civile pour châtier le magazine Confidential, la pire usine à ragots d'Hollywood. Le torchon, créé par Robert Harrison en 1952, se fait un devoir, deux fois par mois, d'insinuer des horreurs sur les stars du cinéma, avec une prédilection pour la dénonciation des liaisons adultères, l'homosexualité, les perversions diverses, le penchant pour les substances interdites ou les sympathies envers les «communistes». Pour avoir une idée du style du magazine, il suffit de rappeler quelques titres de une : «Quand Lana Turner partage un amant avec Ava Gardner», «Pourquoi Kim Novak ne se mariera pas : un seul homme ne peut la satisfaire», «Hé, Victor Mature, souviens-toi de ton rendez-vous galant : "elle" était un "il"»…
Dans un bel élan, toute la profession décide donc que c'en est assez et, événement rare à Hollywood, fait front commun. Or, dans un coup de génie, l'éditeur retors demande à son avocat de faire comparaître les stars en question, ce qu'accepte le juge chargé de l'affaire. Et une panique générale s'empare de Los Angeles. La perspective de voir défiler à la barre, pendant des semaines, la quasi-totalité des étoiles du cinéma pour défendre leur honneur face à des hordes de photographes goguenards, émoustille toute l'Amérique, à commencer par les 5 mil