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Critique

Zadie Smith, Aristote et «Buffy contre les vampires»

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L’Anglaise circule entre théorie littéraire, souvenirs familiaux et critiques de blockbusters
publié le 3 avril 2013 à 19h16

Pour Zadie Smith, 37 ans, c'est l'heure d'un point, sur ce qui a déjà été fait et reste à entreprendre. Un recueil d'essais, comme un pas de côté dans son parcours de romancière, une respiration, pour se relire. Du moins essayer. Avec Sourires de loup (2001), qui l'a propulsée sensation des lettres britanniques à 24 ans, la tentative n'est pas concluante : «J'ai essayé de le faire il y a cinq ans ; au bout de dix phrases j'ai été prise de nausées.» Avec l'Homme à l'autographe (2005), acheté sur un coup de tête dans un aéroport, c'est un peu mieux, tant que les deux mignonnettes de vin font effet. Avec De la beauté (2007), retour de «nausée», sauf «dans de très rares passages». L'idée, dans ces conditions, serait donc moins de réussir que d'«échouer mieux», comme elle a d'abord voulu appeler ce nouveau livre, qui devait être «un ouvrage solennel et théorique consacré à l'écriture». Finalement, ce n'est pas solennel, à peine théorique, et cela s'intitule Changer d'avis.

Zadie Smith est une girouette qui prend «l'incohérence idéologique» pour «une vocation», ce qu'elle démontre dans des textes composés pour des conférences ou des journaux, sur des thèmes aussi différents que la lecture, le métissage, le langage, le voyage… L'index fait seize pages, il crâne en passant d'Aristote à Buffy contre les vampires, de McCain (John) à Rembrandt, de Spielberg à Woolf, et do