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Libération

Et je danse…

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Le cahier Livres de Libédossier
publié le 10 avril 2013 à 19h06

Les nouveaux poèmes de Michel Houellebecq balayent toute l'étendue de la poésie française. Ils la chevauchent pour aller plus loin, plus fort. Oui, le recueil Configuration du dernier rivage peut être vu comme un hommage aux plus grands versificateurs de notre pays, et comme une apothéose de cet art.

Hier, Marc-Antoine de Saint-Amant (1594-1661) exprimait un tourment pré-houellebecquien :

«Oh ! que j’aime la solitude !

Que ces lieux sacrés à la nuit,

Eloignés du monde et du bruit,

Plaisent à mon inquiétude !»

Sous le titre Mémoires d'une bite, et par le même vecteur d'un quatrain octosyllabique, Houellebecq fait cette réponse ambitieuse :

«J’ai traversé le Pentothal

J’ai bu des Tequila Sunrise

Ma vie est un échec total

I know the moonlight paradise.»

Toujours sondant ses Mémoires d'une bite, le poète contemporain a cette fulgurance hexasyllabique :

«Tu te cherches un sex friend

Vieille cougar fatiguée

You’re approaching the end

Vieil oiseau mazouté.»

Houellebecq fait ici un signe amical au Ronsard de la forêt de Gastine, en plus coloré. Et quand l'auteur de la Carte et le territoire taquine l'alexandrin, c'est Victor Hugo qui fait frissonner sa plume. Qu'on en juge ! Dans Week-end prolongé en zone 6, le poète du XXIe siècle lance :

«J’ai pour seul compagnon un compteur électrique

Toutes les vingt minutes il émet des bruits secs

Et son fo