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Libération
Critique

La demoiselle de Ferrare

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Le cahier Livres de Libédossier
Fin de l’amour dans «la Cattiva», le premier roman de Lise Charles
publié le 10 avril 2013 à 19h06

Aquoi rêvent les jeunes femmes ? Comment leurs rêves font-ils leurs vies et leurs romans ? Lise Charles a 25 ans, une délicatesse pointue, une timidité féline et redressée, la vivacité d'une lingère légère et un je-ne-sais-quoi rappelant l'atmosphère d'un film qu'elle aime, les Parapluies de Cherbourg. Sur la fragilité de l'amour, la grâce déçue qui le déterminent et l'enveloppent comme un cadeau magique empoisonné, elle dit que «c'est le film qui m'émeut le plus. La dernière scène est si juste, si belle…» Les années ont passé, il neige, Catherine Deneuve fait par hasard le plein dans le garage où travaille l'homme qu'elle a aimé, qui l'a aimée. La guerre d'Algérie les a séparés, ils ont 25 ans et ils n'ont plus rien à se dire. Les circonstances sont pires que l'oubli.

Il y a des phrases du film de Jacques Demy dans la Cattiva. C'est le premier roman de Lise Charles et c'est une autre histoire de fin de l'amour, pleine de charme, de références, de vitesse. Le talent déborde agréablement, jusque dans ses défauts par excès, la recherche de simplicité : «Je voulais montrer une situation où l'on s'ennuie un peu, avec la déliquescence. L'amour comme une bonace, tel que l'écrit La Rochefoucauld, mais aussi l'amour comme Stendhal. A la fois l'ennui, l'exaltation, le dégoût, et, en même temps, que ça aille vite.» Lise Charles a beaucoup lu. Elle essaie de sentir comment l'oublier. Elle aime Stendhal, et, pour les mêmes raisons, cette vitesse qui naît de l'appar