«Etrange» : le mot revient souvent dans les vingt-quatre Récits du silence (c'est le sous-titre du recueil paru en Norvège en 2008) qui constituent Un jour la montagne s'est déplacée (dont le titre norvégien est Je ne suis pas un alpiniste). Et il s'applique parfaitement au volume lui-même. Une extrême précision et une extrême imprécision sont à l'œuvre dans ces textes étranges, aussi bien d'un point de vue physique que psychologique. «Dans la grange, il y a un vieil outil accroché» est la phrase qui ouvre le recueil. A la fin du bref récit : «Pour finir, je me suis retrouvé à portée de main de l'outil, mais tendre la main était un geste que la partie non brûlée de mon cerveau m'intimait de ne pas faire./ J'ai tendu la main et j'ai saisi l'outil.» Sur ce qu'est l'outil, on n'en saura pas plus. «Le temps n'a jamais été mon fort» est une phrase qui revient à de multiples reprises au long du recueil. C'est dire que la durée n'est pas étudiée conventionnellement mais avec une émotion rigoureuse. Extrait de «l'Observateur» : «Je ne me laisse pas facilement contaminer par les choses que je rencontre. Pourquoi le devrais-je ? On rencontre tellement de choses, justement, étranges, et si on se laissait contaminer par toutes ces choses étranges, ce ne serait plus une promenade mais une contamination.» Comment résister à la contagion du monde ? Le narrateur de «la Licorne» observe un nouvel arrivant au café. «T
Magne Skåden, la forêt sans retour
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par Mathieu Lindon
publié le 17 avril 2013 à 19h06
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