Elles se sont à peine croisées et ne se sont par la suite jamais fréquentées. L’une venait du peuple, l’autre fut la sœur de trois rois. La première se prostitua dès son plus jeune âge, la seconde mourut vierge. Seul point commun, toutes deux périrent sur l’échafaud, à un an de distance, femmes libres, fidèles à leurs amitiés et à leurs convictions.
Jeanne Bécu, fille naturelle d’une cuisinière et d’un moine, devenue comtesse du Barry, fut la dernière maîtresse de Louis XV et de l’Ancien Régime. Elisabeth Philippine Marie Hélène de France, dite Madame Elisabeth (1), fut la dernière Capétienne exécutée. Les deux femmes, que tout semble opposer, ont pourtant bien des points communs…
Catin royale, fille de rien imposée à la cour par un Louis XV vieillissant, Jeanne du Barry ne fut pas une intrigante avide de pouvoir. La biographie que lui consacre Jacques de Saint Victor décrit au contraire une personne très simple, sans malice, vivant par nécessité de ses charmes, mais sans la méchanceté de nombre de courtisanes ou de grandes dames de l’époque. Une discrétion et une insouciance qu’elle gardera après la mort du roi en vivant en femme libre. A l’autre bout de l’échelle sociale, la sœur cadette de Louis XVI réussira elle aussi à mener une vie indépendante et intellectuelle, retirée de la cour parmi un cercle d’amis. Intelligente et avisée, elle ne pourra que constater les erreurs successives de Marie-Antoinette et de son frère, qu’elle accompagnera pourtant par fidélité familiale d